AFP – C’est l’heure, vingt ans après le sacre de 1998: l’équipe de France dispute la finale de la Coupe du monde contre la Croatie dimanche à Moscou (17h00, heure de Paris), pour tenter d’accrocher une deuxième étoile sur son maillot Bleu. Tout un symbole pour le sélectionneur Didier Deschamps, capitaine en 1998, au centre de la photo pour soulever la Coupe.
Vingt ans après “DD” et Zinédine Zidane, place à la génération Kylian Mbappé, au culot insolent, à 19 ans et demi ? “Ce serait formidable qu’ils gagnent, il y aurait une passation de pouvoir. C’est à cette nouvelle génération d’écrire sa propre histoire. A eux de rendre la France très fière”, lance à l’AFP le champion du monde 98 Robert Pires.
Devant un écran géant, en famille autour d’un barbecue, au camping ou dans un bar surchauffé: des dizaines de millions de Français s’apprêtaient à vibrer dimanche à l’heure de l’apéro dans l’espoir de voir leurs Bleus décrocher une deuxième Coupe du monde, vingt ans après.
De Marseille à Lille et de Strasbourg à Brest, la ferveur populaire est montée crescendo depuis le début de la compétition au fil des victoires des Bleus. D’abord prudent voire sceptique, le grand public a progressivement été gagné par la fièvre football pour s’embraser définitivement après la victoire sur la Belgique mardi en demi-finales.
Ce soir-là, des centaines de milliers de personnes se sont ruées sur les Champs-Elysées à Paris, comme lors du soir du 12 juillet 1998 lorsque l’équipe de France a décroché sa première étoile et déclenché un vent de folie dans tout le pays.
Les plus jeunes rêvent aujourd’hui de connaître la même ivresse que leurs parents et de déboucher à leur tour le champagne sur la plus “belle avenue du monde”.
“On a beaucoup entendu parler de 98, j’étais pas né. On fait un nouveau 98 ! J’imagine pas la fête que ça va être dimanche quand on sera champions du monde !”, lançait Martin 15 ans, la voix totalement cassée, le soir de la qualification.
L’enthousiasme a gagné jusqu’au députés qui ont organisé cette semaine un “clapping” les bras en l’air dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale.
Durement touchée par un vague d’attentats jihadistes qui a fait 246 morts depuis 2015, traversée par les questionnements identitaires, la France vit cette Coupe du monde comme une parenthèse enchantée, même si la menace reste constante.
Un “dispositif exceptionnel” est prévu pour assurer la sécurité pour ce week-end très chargé comprenant le traditionnel défilé du 14 juillet qui a eu lieu samedi, jour de fête nationale.
“On ne peut pas mobiliser plus que ce que nous mobilisons ce week-end”, a affirmé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, alors que 110.000 policiers et gendarmes ont été déployés à travers toute la France.
Sur les Champs Elysées, mais aussi dans les 230 “fan zones” avec écran géant prévues, dont celle installée au pied de la Tour Eiffel à Paris où 90.000 personnes sont attendues.
– “Fier d’être Français” –
Le président Emmanuel Macron sera, lui, au stade Loujniki à Moscou pour encourager les Bleus. “Une compétition est réussie quand elle est gagnée”, avait-il assené en leur rendant visite fin mai pendant la préparation.
Honnis par une grande partie du pays après le fiasco de la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010, où les joueurs avaient fait grève avant d’être éliminés piteusement, les Bleus ont progressivement retrouvé du crédit.
Depuis la Russie, ils ont suivi la liesse qui s’est aujourd’hui emparée du pays et brandissent eux-mêmes le drapeau national avec une fierté retrouvée.
“Il faut être fier d’être Français. J’ai envie que les jeunes disent +Vive la France et vive la République!+”, a souligné cette semaine Antoine Griezmann.
“Il y a beaucoup d’origines, c’est ça qui fait la France, une belle France. On se sent tous français, on est heureux de porter ce maillot. Moi, je suis très heureux d’avoir grandi en France, d’avoir la culture française, même si je suis parti très tôt à l’étranger”, a embrayé son coéquipier Paul Pogba.
Vingt ans après le “black-blanc-beur” de 1998, mythe aujourd’hui éculé, les 23 Bleus présents en Russie, dont 14 ont des origines sur le continent africain, revendiquent de manière inhabituelle leur identité française.
Plus que l'”intégration”, notion mise en avant en 1998 mais “aujourd’hui dépassée”, c’est “la fraternité, une valeur plus simple, plus forte peut-être” qui ressortira de “l’épisode 2018”, anticipe Yvan Gastaut, historien spécialiste des relations entre immigration et football.
Reste encore à décrocher cette fameuse deuxième étoile. Pour les Bleus, le jour de gloire est à raviver.