AFP – L’histoire se répète pour José Mourinho: le charismatique entraîneur portugais, incapable de durer plus de trois ans à la tête des plus grands clubs européens, a quitté “avec effet immédiat” Manchester United, a annoncé mardi le prestigieux club anglais, confronté à une crise sportive sans précédent.
Le club le plus riche du monde n’aura pas échappé au syndrome de la fatale troisième saison: au Real Madrid (2010-2013), lors de son retour à Chelsea (2013-décembre 2015), puis chez les Red Devils (2016-décembre 2018), Mourinho, 55 ans, aura laissé à chaque fois derrière lui une maison en ruines.
Outre ses relations conflictuelles avec ses propres joueurs, comme sa star Paul Pogba, ou un fond de jeu inexistant, c’est la situation sportive critique sur le plan comptable qui a précipité sa chute.
Les “Red Devils”, qui n’ont plus remporté le championnat d’Angleterre depuis la saison 2012-13 — la dernière de l’entraîneur emblématique Sir Alex Ferguson –, pointent déjà à onze points de la 4e et dernière place qualificative pour la lucrative Ligue des champions. Un gouffre.
Qualifiés d’extrême justesse en 8e de finale de la compétition européenne, les Mancuniens sont passés en quelques semaines du statut de favori à celui de simple outsider face au Paris SG de Neymar. Un comble pour un club fondé en 1878 et triple vainqueur de la C1 (1968, 1999, 2008)…
“Ces performances sont les pires que j’ai vues depuis 25 ans à United”, avait d’ailleurs taclé l’ancien défenseur d’Arsenal Martin Keown sur la BBC, avant le “derby d’Angleterre” perdu contre Liverpool dimanche (3-1). Le dernier match de Mourinho avec Manchester United.
– Bonne nouvelle pour Pogba ? –
La mission du “Special One” à Old Trafford avait pourtant bien commencé avec une Coupe de la Ligue et une Ligue Europa décrochées en 2017 pour sa première saison.
Ce succès européen, intervenu 48 heures après l’attentat meurtrier perpétré à la Manchester Arena à la sortie d’un concert d’Ariana Grande, lui avait permis de redonner à la ville meurtrie un peu de baume au coeur.
Mais les relations orageuses avec certains de ses joueurs, Paul Pogba en tête, ont vite entamé son crédit auprès des supporters.
Pogba, plus gros transfert de l’histoire du club (105 millions d’euros en 2016), est passé en quelques semaines de joueur-clé à simple remplaçant. Pis, le champion du monde français a vu son titre de vice-capitaine lui être retiré par le Portugais cette saison.
Motif ? Pogba “ne représente pas ce qu’est un capitaine et (…) Manchester est plus grand que n’importe quel joueur”, selon des propos du Portugais, rapportés par la presse anglaise.
Un geste d’autorité qui avait relancé le feuilleton d’un départ du Français… jusqu’à l’annonce du départ de Mourinho. Un argument pour le convaincre de rester ?
Cela dépendra de l’identité de son successeur. A court terme, “un nouvel entraîneur par intérim va être désigné jusqu’à la fin de la saison, tandis que le club va mener un processus de recrutement pour un nouveau manager”, a annoncé le club dans son communiqué.
– “Un club pour Zidane” –
Michael Carrick, ancien joueur devenu entraîneur adjoint de “Mou”, fait figure de favori logique. Le nom de l’ancien buteur Ole Gunnar Solskjaer (1996-2007), actuellement entraîneur de Molde (D1 norvégienne), est également cité.
Avant de se pencher sur le recrutement d’un entraîneur de renom, Manchester United, classé en tête des clubs les plus riches du monde par le cabinet Deloitte, devra d’abord régler 28 M EUR au Portugais pour résilier un contrat allant jusqu’en 2020, selon la presse anglaise.
“(Les dirigeants) ont besoin d’une personne en phase avec les trois principes-clés du club : la promotion des jeunes, un jeu divertissant, et la capacité de gagner des matches”, a estimé l’ancien défenseur Gary Neville, sur Sky Sports News.
La piste la plus séduisante pour l’après “Mou” se nomme Zinédine Zidane. Libre depuis son départ surprise du Real Madrid cet été, le Français est entré dans l’histoire en remportant la Ligue des champions pour la 3e fois consécutive en 2018.
“Manchester United est un club pour Zidane, car il a déjà montré qu’il pouvait gérer et entraîner des joueurs de très haut niveau. Je ne sais pas ce qu’il va faire après son congé sabbatique. Mais il a mis la barre très, très haut”, avait confié à l’AFP Gérard Houllier, ancien entraîneur de Liverpool, fin octobre.
Autres noms cités par la presse anglaise: Antonio Conte, Mauricio Pochettino, Laurent Blanc, ou encore l’ancienne idole Ryan Giggs… Le début d’un nouveau feuilleton.