Ce vendredi, l’Algérie et le monde du football pleurent la disparition de l’une de leurs plus grandes icônes. Rachid Mekhloufi, figure légendaire du football et ancien joueur de l’équipe du Front de Libération Nationale (FLN), est décédé à l’âge de 88 ans. La nouvelle a été confirmée par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Né le 12 août 1936 à Sétif, Mekhloufi a su surmonter les obstacles d’une Algérie sous occupation française pour se consacrer à son amour inébranlable pour le football, devenant ainsi une source d’inspiration pour des générations entières.
Un talent prodigieux au service de l’AS Saint-Étienne et du FLN
Dans les années 1950, Mekhloufi rejoint l’AS Saint-Étienne en France, où il forme une attaque de rêve avec Kees Rijvers et Eugène N’Jo Léa. Doué d’une aisance technique exceptionnelle, Mekhloufi marquait par sa maîtrise du ballon et son intelligence de jeu. Ses coéquipiers l’admiraient, tandis que ses adversaires redoutaient sa capacité à faire basculer un match en un instant grâce à une passe précise, une ouverture ingénieuse ou un tir imparable. “Un joueur de la race des savants, une perle, le partenaire idéal”, selon son entraîneur de l’époque, Jean Snella, avec qui il noua une amitié et une complicité durables.
En 1958, en pleine carrière, Mekhloufi fait un choix fort et audacieux. Il quitte le club français pour rejoindre l’équipe du FLN, abandonnant ainsi la possibilité de disputer la Coupe du monde 1958 avec l’équipe de France. Son exil marque son engagement profond pour l’indépendance de l’Algérie. Avec l’équipe du FLN, il participe à des matchs de gala dans le monde entier pour sensibiliser à la cause algérienne, contribuant ainsi à l’émergence de la conscience nationale à travers le sport. “Le football a réveillé la conscience endormie des hommes”, dira-t-il plus tard, en souvenir de cette période qui marquera son engagement inébranlable pour son pays.
Un retour triomphal et des exploits inoubliables à Saint-Étienne
Après l’indépendance de l’Algérie, Mekhloufi retourne en Europe et rejoint à nouveau Saint-Étienne en 1962, accompagné par son fidèle mentor Jean Snella. Ce retour marque le début d’une nouvelle phase, où il remporte quatre titres de champion de France avec le club stéphanois (1957, 1964, 1967, et 1968). Il inscrit également 152 buts pour les Verts, devenant ainsi le deuxième meilleur buteur de l’histoire du club. En 1968, Mekhloufi est l’auteur des deux buts de la victoire en finale de la Coupe de France contre les Girondins de Bordeaux, un exploit qui scelle son héritage dans l’histoire du club.
L’AS Saint-Étienne a exprimé ses sincères condoléances à la famille de Mekhloufi, soulignant l’empreinte indélébile laissée par ce joueur hors norme. Un hommage à sa mémoire sera rendu prochainement au stade Geoffroy-Guichard, en reconnaissance de son apport inestimable au football et au club.
Une carrière d’entraîneur au service de l’Algérie
Rachid Mekhloufi n’a pas seulement marqué l’histoire du football en tant que joueur, mais également en tant qu’entraîneur de l’équipe nationale algérienne. De 1975 à 1978, il a dirigé les Verts avec brio, menant l’Algérie à des succès retentissants. Sous sa direction, l’équipe a remporté la médaille d’or lors des Jeux Méditerranéens de septembre 1975 à Alger, après une victoire mémorable (3-2) contre la France en finale. Trois ans plus tard, en août 1978, Mekhloufi mène à nouveau l’Algérie à la victoire, cette fois aux Jeux Africains, où l’équipe décroche la médaille d’or en battant le Nigeria en finale sur un score de 1-0. Ces accomplissements demeurent gravés dans l’histoire du sport algérien.
En 1982, lors de la Coupe du Monde en Espagne, Mekhloufi est nommé Directeur Technique National de l’équipe d’Algérie, assistant le sélectionneur Mahieddine Khalef. Ce tournoi marquera l’histoire du football mondial avec la performance exceptionnelle des Verts, notamment lors de la célèbre victoire 2-1 contre l’Allemagne de l’Ouest, un exploit inédit pour une équipe africaine.
Un homme engagé, au-delà du rectangle vert
Rachid Mekhloufi n’était pas seulement un grand footballeur et entraîneur ; il était également un citoyen engagé, un porte-voix de la cause algérienne, et un modèle de courage. En 1957, il remporte le championnat militaire avec la France, un exploit qui illustre son talent, mais aussi la dualité de sa carrière, marquée par l’attachement à deux patries. En avril 1958, il choisit de quitter clandestinement la France pour rejoindre l’équipe du FLN en Tunisie, sacrifiant son avenir en équipe de France pour servir un idéal plus grand. Ce choix audacieux témoigne de sa loyauté envers l’Algérie, qu’il incarne fièrement tout au long de sa carrière.
Un palmarès exceptionnel
Le parcours de Mekhloufi est jalonné de titres, qui soulignent son apport majeur au football :
- Champion de France en 1957, 1964, 1967 et 1968 avec l’AS Saint-Étienne
- Vainqueur de la Coupe de France en 1968
- Champion de France de D2 en 1963
- Vainqueur du Challenge des Champions en 1967
- Vainqueur de la Coupe Charles Drago en 1955
- Deuxième meilleur buteur de l’histoire de l’AS Saint-Étienne avec 152 buts.
Un héritage qui traverse les générations
Avec la disparition de Rachid Mekhloufi, le football perd une icône, et l’Algérie un héros de l’indépendance. Sa contribution au sport et à la nation restera gravée dans les mémoires, tant pour ses exploits sur le terrain que pour son engagement hors du commun. Mekhloufi rejoint à présent des légendes telles que Robert Herbin, Georges Bereta, et Salif Keita dans l’histoire des Verts. Son héritage est une inspiration pour tous les passionnés de football et pour ceux qui croient en la force des idéaux. Que la mémoire de ce géant du football algérien et français continue de briller, pour l’éternité, dans le cœur de ses admirateurs. algerie.football